Lamouilly

Connu en 955, le village de Lamouilly s’est construit sur la rive droite de la Chiers. Depuis 1862, il est coupé en deux par la ligne de chemin de fer reliant alors Lille à Metz. Depuis, il vit désormais au rythme du passage d’environ 150 trains par jour. Malheureusement, Lamouilly a perdu ses activités traditionnelles liées à la SNCF et à la transformation du bois.

Limité à l’ouest par le cours de la Chiers (167 m d’altitude), le territoire de Lamouilly est le plus petit du Pays de Stenay après celui d’Autreville, avec 476 ha. Ici aussi, la forêt (environ 75 ha) est peu présente, à part le petit massif forestier qui culmine à 281 m d’altitude, à l’est du village. A l’est, c’est aussi le ruisseau de Bièvres qui fait limite du territoire communal. Essentiellement limité par deux cours d’eau, Lamouilly touche au nord et à l’est au département des Ardennes (communes de Bièvres et de La Ferté-sur-Chiers). Pour accéder au village, un seul passage : le pont, antérieur à 1940 et reconstruit à l’identique après la deuxième guerre mondiale. Lamouilly, c’est essentiellement un village-rue lorrain traditionnel, avec de beaux exemples d’architecture rurale lorraine des XVIIIe et XIXe siècles, avec usoirs. L’extension vers l’est, vers la gare et l’usine d’une part, en direction du pont sur la Chiers d’autre part, ne s’est faite qu’à la fin du XIXe siècle. Le village a vécu longtemps au rythme de son moulin, puis de son usine, une scierie qui existait déjà au XIXe siècle et qui devint fabrique de brosses en 1866 avant de fabriquer des manches à partir de 1898. Aujourd’hui, la fabrique de manches en hêtre a cessé son activité, malgré la spécificité et la qualité de sa production.

La commune a connu aussi une grande activité avec l’arrivée du chemin de fer ; la gare était alors la seule du canton, et tout le trafic de voyageurs et de colis de Stenay passait par elle. A partir de 1876, avec l’ouverture de la ligne Sedan – Lérouville, Stenay eut enfin sa propre gare et celle de Lamouilly perdit aussitôt de son importance. La gare de Lamouilly ferma ses portes en 1974 et fut détruite peu après.

La petite église Saint-Martin, peu visible de la route, possède encore sa tour du XVIe siècle, mais le nouveau vaisseau fut bénit en 1767. Les travaux de modernisation au XXe siècle l’ont malheureusement dépouillé d’une grande partie de son mobilier.

A la sortie nord de Lamouilly subsiste un quartier isolé, fermé, composé de trois lignes de maisons. Le fief de la Crouée, en fait simple métairie sur cour fermée, existait déjà au XIIIe siècle. Il devint habitation de Pierre–Jacques, chevalier de Corday, qui avait épousé en 1769 Dorothée–Amour Cholet, fille du seigneur de la Crouée à Lamouilly. La tradition locale veut que ce chevalier de Corday ait été l’oncle paternel de Charlotte Corday, qui aurait passé à Lamouilly une partie de son enfance. On sait que Charlotte de Corday d’Armont, née en Normandie en 1768, poignarda le révolutionnaire Marat dans son bain, avant d’être guillotinée en 1793.

Enfin, au-dessus du village, la chapelle Saint-Walfroy ou Notre-Dame de Bonsecours date du XIXe siècle ; elle subsiste seule après la disparition de la chapelle voisine Saint-Donat et de sa source ; pourtant saint Donat était réputé pour protéger la région des orages.