Wiseppe

Wiseppe est un petit village de 114 habitants situé sur la rive gauche de la Meuse, en bordure du ruisseau qui lui a donné son nom. La présence de la rivière apporte beaucoup de charme au village. En été, le pont qui la traverse est mis en valeur par des bacs et des plates-bandes de fleurs. Au cœur du village, le bâtiment de la mairie offre une belle architecture classique avec ses façades de pierre ocre jaune. L’église, un peu décentrée, a été construite en bordure de la Wiseppe, de même que la salle des fêtes, beau bâtiment en pierre de taille, aménagée à partir d’un lavoir désaffecté. La population est en augmentation. De nombreux jeunes couples ont choisi de venir vivre à Wiseppe, contribuant ainsi au rajeunissement de la population. Six exploitations agricoles et un artisan ébéniste exercent leur activité au sein du village. Le tourisme n’est pas en reste : une ancienne grange en pierre a été transformée en gîte et cinq chambres d’hôtes avec accès paysager très accueillant (Philippe Poirson).

La Wiseppe est un petit cours d’eau qui descend des hauteurs de Beaufort et rassemble dans son lit de nombreux ruisselets qui proviennent eux aussi de la forêt de Belval, du Dieulet et du bois de la Haie. Elle entre sur le territoire de la commune en amont de la ferme de Boulain et, d’abord très tortueuse, sert de limite sud au canton de Stenay, vers Montigny. Après son passage dans le village, où son cours a été redressé, elle aurait pu se jeter dans la Meuse, à six cents mètres de là, en empruntant le lit d’une noue. Et pourtant, elle se dirige plein nord, parallèlement au lit du fleuve, qu’elle ne rejoint qu’au nord-ouest de Stenay, en aval du barrage, après s’être liée à la Lieuse. Le territoire de la commune touche à la Meuse sur quelques mètres seulement.

Petit territoire (548 ha), peu élevé (entre 166 et 208 m), la commune de Wiseppe a conservé peu d’éléments historiques visibles. On connaît bien un lieu-dit La Borde (mais est-ce une trace d’ancienne léproserie ?). Par contre, la belle ferme de Boulain, sur la Wiseppe, aujourd’hui abandonnée, fut jadis fortifiée. A la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant, ses propriétaires trustaient tous les prix aux concours agricoles de la région. Dans la vaste prairie fut construit à partir de 1935 un terrain d’aviation militaire. Les aviateurs, qui avaient trouvé logement chez l’habitant, reçurent la visite du généralissime Gamelin à l’automne 1939. Malheureusement, le terrain était détrempé par les fortes pluies, et les hommes et le matériel furent vite enlisés et la base rendue inutilisable. Le terrain fut bombardé par les Allemands à partir du 10 mai 1940 et évacué après le 14 mai. Il fut ensuite remis en culture par les Allemands. Dans le village, le nouveau monument aux morts est dû à Claude Becq, artiste meusien né à Charny. Il représente des flammes renaissant de leurs cendres et s’élevant vers le ciel. Emergeant de ces cendres, on reconnaît des drapeaux soutenus par des ailes.

L’église a été construite le long de la Wiseppe, curieusement isolée au sud du village, à l’extrémité d’un vaste terre-plein ; les travaux durèrent de 1634 (chœur) à 1729 (nef), et elle fut encore transformée en 1866 (prolongement de la nef). Elle conserve un mobilier du XVIIIe siècle qui en fait une des plus riches églises rurales du canton. Les trois nefs sont terminées par des retables exceptionnels. Celui de l’autel principal est soutenu par des colonnes peintes encadrant un tabernacle très décoré et doré. Au-dessus se tiennent deux angelots dominés par une couronne. De part et d’autre de la corniche sont agenouillés deux anges. A droite de l’autel se trouve une magnifique porte en bois sculpté portant un médaillon représentant la Vierge, mais la porte de gauche, représentant Saint-Joseph, a été volée. Au-dessus de chaque porte du chœur ont été placées deux grandes statues de Saint-Nicolas, patron de la Lorraine, et de Saint-Remi (écriture et prononciation locales), patron de la paroisse, avec leurs attributs d’évêques. Sur les autels latéraux, on remarque les statues de Saint-Benoît et de Sainte-Scholastique.

Wiseppe n’a pratiquement pas connu d’activité industrielle. Un petit moulin avec huilerie, fut très tôt en activité, mais ses meules se sont arrêtées vers 1900 ; le bâtiment existe toujours. Certains auteurs signalent d’autres « industries » au XIXe siècle : des tisserands, qui produisaient dit-on une toile réputée et exportée jusqu’aux Pays-Bas, et un élevage d’oies, qui profitaient de la proximité de la Wiseppe. Quant à la fabrique de brosses, construite à la fin des années 1920 grâce aux dommages de guerre, elle n’a jamais vu le jour. Le territoire est toujours coupé en deux par la ligne de chemin de fer Sedan-Lérouville, mais il n’y a jamais eu de gare à Wiseppe.

Wiseppe était surtout célèbre au début du XXe siècle pour sa confiture, qui était en fait de la concoillotte (avec un o, comme partout dans la région). Elle était souvent vendue un peu forte, et l’on disait que les gens qui traversaient la commune pressaient le pas, tant l’odeur du fromage fermentant sous les édredons était forte… Des centaines de bols (petits, moyens et grands) étaient vendus chaque semaine sur le marché de Stenay, où la concoillotte de Wiseppe faisait concurrence au fort froumache de Mouzay. Aujourd’hui, on se rend plutôt à Wiseppe pour sa viande de veau et de bœuf bio. Et depuis 2003, le village s’est ouvert au tourisme avec la création de cinq chambres d’hôtes de grande qualité.